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Article Ouest-France - Avec le Covid, les aveugles encore plus isolés

30 Juillet 2020

Article Ouest-France du 30 juillet 2020 Avec le Covid, les aveugles encore plus isolés

 

Avec le Covid, les aveugles « encore plus isolés »

Garder ses distances quand on est aveugle ou malvoyant est évidemment plus compliqué.

Habitués à toucher pour se repérer et identifier les objets, ils veulent sensibiliser sur leur situation.

Témoignages

« Le toucher c’est notre manière de voir, on ne peut pas s’en passer. » Marie-Odile est aveugle depuis près de 37ans. Elle se rend chaque semaine dans les locaux de l’association pour aveugles et malvoyants Valentin Haüy, à la Roche-sur-Yon. Ici, il n’y a évidemment pas de flèche au sol indiquant le sens de circulation. Ce matin, elle raconte comment le confinement, comme pour beaucoup d’autres, a été une épreuve particulièrement difficile à vivre : « J’étais seule chez moi, je n’avais que très peu de visite. Le temps était long. » Et lorsqu’on lui demande si le fait de ne plus rien voir amplifie ce sentiment d’isolement, la retraitée répond : « Bien sûr cela à un impact. On se sent d’autant plus isolé. Discuter, sentir la présence d’autres personnes, c’est vital lorsqu’on a comme moi ce handicap. »

 

« Toucher, une chose banale qui ne l’est plus »

Le déconfinement est lui aussi une épreuve de tous les jours. « Lorsque je fais mes courses, accompagnée de mon aide à domicile, je dois prendre mon temps pour toucher les fruits et légumes. Je vois grâce au toucher, c’est absolument essentiel. Et il est vrai que certaines personnes, sans savoir que je suis non-voyante, m’interpellent sur cette chose banale, qui ne l’est malheureusement plus avec la circulation du virus. »

Les gestes barrières sont également difficilement applicables pour la vingtaine de bénévoles de l’association Valentin-Haüy qui accompagne les bénéficiaires. Marie-Laure Renaud, secrétaire de l’association à la Roche-sur-Yon, explique : « Certaines solutions ont été tentées. L’accompagnant et le non-voyant prenaient chacun à un bout de la canne blanche, pour respecter le mètre de distance. Mais ça n’est évidemment pas pratique, ni l’usage prévu pour cette canne de déplacement. »

Pour autant, « une grande majorité des bénévoles ont plus de 65ans, et sont donc eux aussi considérés comme à risque vis-à-vis du Covid. Mais, équipés de masques, ils continuent à retrouver nos adhérents, car ils savent combien leur présence est importante. »

Le comité compte près de 200 bénéficiaires, aveugles et malvoyants en Vendée. Les activités n’ont pas repris depuis la fin du confinement. A la Roche-sur-Yon, les locaux sonnent vides. Mais Jean-Marie Berthelin, président du pôle vendéen de l’association et malvoyant, espère que, dès septembre, le programme reprendra son cours. « Heureusement, nous continuons à envoyer des livres audio à nos bénéficiaires. Notre bibliothèque sonore de 7000 livres a difficilement pu être exploitée lors du confinement. Aujourd’hui, les gens sont ravis de pouvoir de nouveau profiter des plaisirs de la lecture. »

L’objectif de la reprise est aussi d’insister sur la place de ce handicap dans la société : « On va continuer à faire ce travail de sensibilisation auprès des écoles, des entreprises, pour montrer que l’environnement est loin d’être adapté pour nous. C’est malheureusement encore plus vrai avec le Covid. »

Rémi MOQUILLON.

Pour contacter l’association : se rendre sur le site internet du Comité Valentin Haüy de Vendée, larochesuryon.avh.asso.fr ou appeler le 02.51.37.22.22

 

Photo de présentation de l’article  : Légende : Marie-Laure Renaud, secrétaire de l’assocaition Valentin Haüy à la Roche-sur-Yon, et sa maman Marie-Odile, non-voyante depuis 37ans